Lucie Jean-Charles a honoré sa première sélection en équipe de France A

Quelques semaines après notre récent entretien où elle parle de la place de la foi chrétienne dans sa pratique sportive, la sprinteuse Lucie Jean-Charles (SMUC Athlétisme) a été appelée en équipe de France A. Elle a ainsi participé aux relais Mondiaux (World Relays) à Guangzhou (Chine) les 10 et 11 mai dans l’épreuve du 4x100m mixte (2 femmes et 2 hommes).

Lucie, comment as-tu vécu cette expérience en Chine, en série (2e) et en finale (6e)?

C’était une expérience incroyable ! Déjà parce qu’elle marque ma première sélection en équipe de France A, mais aussi parce que j’ai eu l’honneur de courir titulaire sur les deux courses, la série et la finale. J’étais vraiment heureuse et fière de vivre ces moments-là aux côtés de mes coéquipiers. Porter le maillot bleu sur une compétition mondiale, c’est fort. Et partager ça avec le groupe, c’était encore plus spécial.

Comment as-tu géré émotionnellement toute cette accélération pour toi, et le bouleversement de ton agenda?

Franchement, c’était un mélange d’émotions. De l’excitation, de la joie, surtout avec la joie de tous mes proches : tous les messages que j’ai reçus, la fierté de mon coach, de mon groupe d’entraînement, de ma famille, de mes amis… bref, tout mon entourage. Ça a rendu ce moment encore plus incroyable. Mais aussi, au moment où j’ai su que j’allais vraiment courir, il y a eu la pression qui est montée. C’est là que le sentiment de légitimité a refait surface, un combat intérieur que j’ai souvent, cette envie de bien faire, de ne pas décevoir, de ne pas avoir honte. Même si j’étais heureuse, il y avait toutes ces pensées qui bousculaient un peu à l’intérieur.

Qu’as-tu fait dans ce moment-là?

Dans ce contexte, l’appel avec l’aumônier Joël Thibault m’a fait énormément de bien. On a prié ensemble, et il m’a partagé un passage d’Éphésiens 3.13-21, qui parle de l’amour de Dieu. Ce texte m’a profondément ancrée : pour être forte intérieurement, je dois être enracinée dans cet amour, me rappeler que tout ce que je vis, aussi fort que ce soit, ne sera jamais à la hauteur de l’amour si long, large, haut et profond que Dieu a pour moi. Et ça m’a recentrée. Ça m’a aidée à ne pas perdre pied dans l’agitation, à rester solide. Joël m’a aussi dit une phrase qui m’a marquée : “Avant d’être à genoux devant les hommes au départ, souviens-toi que tu l’as d’abord été devant Dieu.” Et cette vérité-là m’a portée tout le long du championnat, ça m’a fait comprendre que ce qui me permet de tenir debout devant les autres, ça se construit d’abord dans la présence de Dieu. C’est là que je puise ma force, mon assurance, et ma paix.

Le 4x100m mixte sera au programme des grands championnats dès 2026. Est-ce une source de motivation supplémentaire?

Oui, clairement ! Ça ouvre de nouvelles opportunités pour les athlètes, avec plus de chances d’être sélectionnés et de s’exprimer sur la grande scène. On avait déjà vu ça avec le 4x400m mixte, et je trouve que c’est super de pouvoir partager une course entre femmes et hommes. C’est une belle image pour notre sport, et c’est trop cool de voir ce format arriver aussi sur le 4x100m. C’est un relais hyper dynamique, explosif, et ça donne encore plus envie de performer pour en faire partie dans les années à venir.

Comment as-tu été sélectionnée?

La sélection devait se faire à l’issue du stage de préparation pour les Mondiaux. Mais malheureusement, deux filles du collectif se sont blessées pendant le stage. Dans ce contexte, j’ai été sélectionnée en tant que remplaçante, ce qui m’a permis d’intégrer officiellement l’équipe pour les World Relays. C’est évidemment un mélange de sentiments, parce que personne ne souhaite être appelée dans ces circonstances, mais en même temps, j’étais prête à saisir l’opportunité, à donner le meilleur et à honorer cette première sélection.

Quelle est ton actualité?

Cet hiver, j’ai été sacrée championne de France nationale sur 60m en salle, puis j’ai terminé 5ᵉ aux championnats de France élite en salle. Ensuite, j’ai eu la joie d’être sélectionnée pour les World Relays, ce qui a marqué ma première en équipe de France A. Grâce à Dieu la saison s’est bien passée jusqu’ici, même si j’ai aussi dû composer avec quelques pépins physiques. Le plus dur, c’est d’accepter de lever le pied quand le corps envoie des signaux d’alerte. Aujourd’hui je continue de bosser sérieusement pour me préparer au mieux aux échéances estivales à venir, avec une détermination plus grande.

Qu’est-ce que tu as appris ou approfondi dans ta vie personnelle depuis notre première interview ?

Depuis cette première interview, ce que je cherche à approfondir, c’est toujours à me détacher de la performance pour rester ancrée dans mon identité en Christ. Oui, je fais un sport de haut niveau, donc la perf est essentielle, et ce n’est pas ça le problème. Mais la vraie question, c’est où je mets mon focus par rapport à ça. Pour être honnête, je lutte encore avec ce besoin de « prouver », de performer pour me sentir légitime… mais plus j’avance, plus je comprends que ma valeur ne dépend pas de mes chronos ou de mes résultats, mais de ce que Dieu dit de moi. C’est pas facile, dit comme ça, ça se travaille, mais je commence à en voir les fruits ! Et puis, ça m’a fait encore plus prendre conscience que la foi, ce n’est pas juste un message sur Insta ou une belle phrase avant de courir : c’est une force intérieure. Une force qui m’aide à tenir dans les hauts comme dans les bas, à se relever, et à avancer avec confiance.

Autre chose que j’essaye d’améliorer, c’est la gestion mon corps, c’est mon instrument de travail. J’apprends à être encore plus à l’écoute de lui, à reconnaître les signaux d’alerte, à ne pas aller trop loin, même quand la motivation ou l’envie de performer prend le dessus. Parce que j’ai une responsabilité envers mon corps, et ce que je vis aujourd’hui, je veux pouvoir le vivre dans la durée. Donc prendre soin de moi, physiquement et mentalement, c’est aussi une forme de maturité que je développe, petit à petit.

Crédit photo : DR avec l’autorisation de Lucie Jean-Charles

Pour découvrir le premier entretien, cliquez ICI.

23 Mai 2025 | Entretiens

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